SEO et IA : la grande illusion qui va ruiner votre expertise

Depuis quelque temps, une tendance étrange s’observe dans le monde du SEO. Des professionnels aguerris, qui avaient mis des années à développer leurs compétences, sont en train de perdre en expertise sans même s’en rendre compte.

Ce n’est pas qu’ils sont devenus mauvais du jour au lendemain. Non.
C’est qu’ils ont commencé à déléguer de plus en plus de tâches à des outils qui leur promettent moins d’efforts, plus de résultats.

Et qui dit moins d’efforts, dit aussi moins d’apprentissage.

Deux éléments ont accéléré ce phénomène : l’essor de l’IA générative et la surconsommation des réseaux sociaux.

D’un côté, ChatGPT et ses cousins sont apparus avec une promesse séduisante : Ne faites plus rien vous-mêmes, n’écrivez plus, ne réfléchissez plus, on le fait pour vous.
De l’autre, les réseaux sociaux sont devenus des usines à visibilité, où publier vite et le plus possible est devenu une obsession, quitte à sacrifier complètement la qualité du contenu.

Quand on combine ces deux dynamiques, on obtient un cocktail parfait pour un nivellement vers le bas du niveau en SEO.

Le plus inquiétant ? Beaucoup ne s’en rendent même pas compte.
Alors, comment en est-on arrivé là ?

L’ère où le SEO s’apprenait à la dure

Le SEO a longtemps été une discipline empirique, où l’apprentissage passait avant tout par l’expérimentation.

Il n’y avait pas de cours magistraux, pas d’école officielle qui enseignait comment optimiser un site pour Google. Il fallait tester, se tromper, comprendre pourquoi ça ne marchait pas et recommencer autrement.

Et pour ceux qui se sont lancés avant 2010, ça ressemblait souvent à ceci :

  • Créer un site en autodidacte, à l’époque où WordPress n’était pas aussi simple…
  • Se battre avec le HTML, le CSS et les balises meta, le gras sur les mots (strong ou b ?) sans vraiment savoir si ce qu’on faisait allait changer quelque chose.
  • Lire des articles et participer à des forums où les discussions étaient passionnées (et parfois houleuses).
  • Tester des choses un peu borderline, parce qu’il fallait bien voir jusqu’où on pouvait aller sans se faire pénaliser.
  • Galérer à comprendre pourquoi son site n’apparaissait pas sur Google, et passer des heures à analyser les résultats.

C’était un métier d’artisans, où l’on affinait ses compétences au fil des expériences.

À cette époque, les formations SEO étaient rares – et le sont toujours. Certains ont eu la chance d’avoir des modules dédiés dans des cursus marketing, mais dans l’ensemble, l’expertise se construisait sur le terrain.

Et puis, un jour, la donne a changé.

L’IA est arrivée, et tout le monde s’est pris pour un SEO

Jusqu’en 2022, l’IA était un domaine assez confidentiel. Elle était surtout utilisée par des chercheurs, des ingénieurs en machine learning, et quelques SEO techniques qui savaient manier Python et bidouiller des modèles de génération de texte.

Puis ChatGPT est arrivé.
Et là, tout a changé.

D’un coup, tout le monde a eu accès à un assistant capable de rédiger des contenus en quelques secondes, d’expliquer des concepts SEO, d’écrire des balises title et même de proposer des stratégies d’optimisation.

C’était bluffant.
On lui posait une question, et il répondait avec une structure propre, un ton fluide, une explication claire.

Pour ceux qui découvraient le SEO, c’était magique. Sauf qu’il y avait un problème.

En réalité, ChatGPT et les autres IA génératives n’inventent rien. Ils ne font que moyenner des informations issues de leur entraînement.

Ils ne savent pas :

  • Analyser des SERP en temps réel.
  • Donner des recommandations basées sur des données spécifiques.
  • Différencier une bonne stratégie SEO d’un mythe dépassé.
  • Dire qu’ils se trompent.

Mais comme les textes générés paraissaient intelligents, beaucoup se sont mis à les utiliser sans aucun recul critique.

Petit à petit, l’IA a commencé à remplacer la réflexion humaine.
Des articles complets rédigés par des robots ont inondé le web.
Certains ont commencé à prodiguer des conseils SEO issus uniquement de ChatGPT, sans jamais avoir testé ce qu’ils avançaient.

D’un coup, des personnes qui n’avaient jamais fait d’optimisation SEO se sont mises à publier des guides complets sur « les meilleures stratégies SEO en 2025”. Le tout, bien sûr, sans avoir touché un seul fichier robots.txt de leur vie.

Les réseaux sociaux : quand le bruit remplace l’expertise

En parallèle, les réseaux sociaux sont devenus le terrain de jeu idéal pour ceux qui voulaient se faire une place rapidement dans le monde du SEO.

Un post LinkedIn, un tweet, un skeet bien tourné peut toucher des centaines, voire des milliers de personnes.
Et dans cette course à la visibilité, une chose compte énormément : publier souvent.
Les algorithmes adorent le contenu frais et régulier. Résultat : plus on poste, plus on a de visibilité.

Alors, très vite, une tendance s’est installée :

  • Moins de réflexion, plus de contenu.
  • Moins d’analyse, plus d’affirmations tranchées.
  • Moins d’expertise, plus d’effets de manche.

On a vu apparaître des “top 10 des techniques SEO incontournables” qui n’étaient qu’une répétition des mêmes banalités.

Les raccourcis intellectuels sont devenus monnaie courante.
Parce qu’un bon post doit être percutant, il faut aller droit au but, simplifier au maximum.

Sauf que le SEO n’est pas un sujet qui se simplifie en trois punchlines.

Quand, par exemple, on commence à dire :

  • “Les backlinks ne servent plus à rien”
  • “L’IA va remplacer tous les SEO”
  • “Google privilégie uniquement le contenu ultra long”
  • … on finit par propager de la désinformation.

Et comme l’IA est dans la boucle, elle va ensuite se nourrir de ces affirmations erronées et les ressortir à d’autres utilisateurs, rendant ainsi la médiocrité infinie.

Le problème, ce n’est pas que les gens partagent des conseils. C’est que tout se ressemble, tout se répète, et personne ne prend plus le temps de vérifier ce qui fonctionne réellement.

Les réseaux sociaux ont transformé le SEO en une succession de slogans et de tendances éphémères, au lieu d’une discipline d’analyse et d’optimisation.
Et ce n’est pas fini.

Quand on associe cette quête de visibilité avec l’automatisation de l’IA, on aboutit à un vrai carnage.

L’IA : un formidable piège

Depuis que l’IA est accessible à tous, tout le monde peut générer un article en 10 secondes.

Sur le papier, c’est génial.
Dans la réalité ?
C’est souvent… moyen.

Les textes produits par l’IA sont propres, bien structurés, lisibles. Mais ce n’est pas parce qu’un contenu est bien écrit qu’il est utile.

Quand on prend du recul, on s’aperçoit rapidement des limites :

  • Les contenus sont génériques. L’IA ne fait qu’assembler des phrases issues d’un mix statistique de ce qu’elle a déjà lu. Elle ne créée rien de neuf.
  • Les analyses sont superficielles. Elle ne connaît pas les subtilités d’un marché, d’une audience, ou d’une stratégie SEO spécifique.
  • Les conseils sont souvent erronés. Parce qu’elle ne sait pas bien vérifier si ce qu’elle raconte est vrai.

Et pourtant, des centaines de sites se sont mis à publier des montagnes de contenus générés automatiquement, sans la moindre relecture.

C’est ainsi qu’on se retrouve avec des articles SEO vides de sens, rédigés sur le même schéma :

  • Une introduction qui annonce une “révolution du SEO”.
  • Une liste d’astuces très génériques, souvent périmées ou approximatives.
  • Une conclusion qui répète ce qui a déjà été dit.

Bref, du remplissage.

Et le pire, c’est que beaucoup ne s’en rendent même pas compte.
Car un texte produit par une IA sonne bien. Il est fluide, il semble structuré. Alors on le prend pour argent comptant.
Mais le SEO, ce n’est pas ça. Le SEO, c’est de l’analyse, de la compréhension, des tests, du contexte.

L’IA, elle, fonctionne sans contexte, sans données, sans tests.
Elle peut aider, mais elle ne peut pas réfléchir à notre place. Pourtant, au lieu de s’en servir comme un outil d’assistance, certains l’utilisent comme un substitut à leur propre réflexion.
C’est là que ça devient dangereux.
Parce qu’à force de trop déléguer à l’IA, on finit par perdre sa capacité à penser en SEO.

Le vrai danger : oublier d’apprendre

Il y a une autre conséquence à cette automatisation massive : la paresse intellectuelle.
Pourquoi s’embêter à analyser un site, décortiquer des logs, comprendre pourquoi une page grimpe ou chute dans Google… alors qu’un chatbot peut pondre un audit SEO en trois secondes ?

Pourquoi perdre du temps à tester des optimisations techniques, à se renseigner auprès des experts, alors que l’IA peut nous donner une liste de recommandations prêtes à l’emploi ?

Le problème, c’est que quand on arrête d’expérimenter, de se renseigner, d’être curieux, on arrête d’apprendre.
Et quand on arrête d’apprendre en SEO, on devient obsolète.

Google évolue en permanence. Ce qui marchait il y a cinq ans n’est plus forcément pertinent aujourd’hui. Le référencement, ce n’est pas une liste de règles figées.
C’est un jeu d’adaptation permanent, où il faut sans cesse tester, comprendre, ajuster. Or, l’IA ne teste rien. Elle ne fait qu’assembler des phrases en fonction de ce qu’elle a déjà vu ailleurs.

Si on se repose uniquement sur elle, on finit par :

  • Ne plus remettre en question les conseils donnés.
  • Ne plus savoir ce qui fonctionne réellement.
  • Ne plus avoir la curiosité de creuser plus loin.

Et à ce stade, il y a un vrai problème : on commence à perdre en compétence sans même s’en rendre compte.

Petit à petit, on devient un SEO passif, qui applique des recommandations sans savoir pourquoi. À terme, c’est le meilleur moyen de plomber son expertise, sa carrière.

Comment éviter de rater sa carrière de SEO ?

Bonne nouvelle : tout n’est pas perdu.
L’IA et les réseaux sociaux ne sont pas le problème. Le problème, c’est comment on les utilise.Alors, que faire pour ne pas tomber dans ce piège ?

1. Se former en continu.

Le SEO n’est pas figé, il évolue en permanence. On ne peut pas espérer rester au niveau en lisant uniquement des posts LinkedIn ou en demandant des résumés à une IA.

Il faut :

  • Lire des études de cas réelles.
  • Tester par soi-même.
  • Comprendre les mises à jour de Google.
  • Partager avec d’autres experts qui font du terrain.
  • Bien apprendre la théorie.

Cela veut dire que suivre des formations de qualité reste essentiel. C’est une excellente façon de réduire le temps d’acquisition tout en restant sur de la qualité.

Seul bémol, il faut être capable de déterminer quelles sont les bonnes formations… et pour cela il faut faire jouer le réseau, profiter du bouche à oreille.

2. Utiliser l’IA comme un assistant, pas comme une béquille.

Un LLM n’est pas un expert SEO.
Il peut aider à structurer une idée, reformuler un texte, générer des variantes, mais il ne sait pas juger la pertinence d’une stratégie. Si on lui demande des conseils, il faut toujours vérifier derrière.

Une bonne approche, c’est de lui fournir des données précises (des csv avec des listes de backlinks, des listes de mots-clés positionnés, des métriques SEO, etc.) et de lui demander d’interpréter ce qu’il voit, au lieu de lui poser des questions vagues comme “Comment bien référencer un site ?”

Fournir sa propre data, c’est la clé, c’est la différence avec le voisin qui va aussi utiliser un LLM – sans doute le même.

3. Ne pas tomber dans la course au volume.

Tout publier sans contrôle, c’est le meilleur moyen de perdre en crédibilité.

Mieux vaut un bon article de fond qui apporte une vraie valeur, qu’une centaine de posts vides qui ne font que répéter ce que tout le monde dit déjà.
C’est un conseil évident, pourtant… il est tellement tentant de ne pas le suivre. Se réfugier derrière la quantité, facile à atteindre, plutôt que la qualité, qui demande beaucoup d’efforts.

4. Rejoindre une vraie communauté d’experts.

Les meilleures discussions ne sont pas sur LinkedIn ou Twitter/X.
Elles sont dans des groupes Slack, des Discord privés, des événements SEO où l’on peut échanger sur des stratégies avancées et confronter ses idées à celles des autres.
C’est là que se trouvent les informations réellement utiles, et non pas dans des posts qui visent juste à maximiser les likes.

Encore une fois, le bouche à oreille fait des merveilles pour trouver les pépites.

Choisir entre l’éphémère et la crédibilité

L’IA et les réseaux sociaux peuvent accélérer une carrière SEO. Ou la ruiner.
Tout dépend de l’usage qu’on en fait.

Miser sur le buzz et la facilité, c’est prendre le risque de brûler sa crédibilité en quelques mois.
Miser sur l’expertise et la réflexion, c’est bâtir une réputation qui dure.
Le SEO n’est pas une discipline où l’on peut se contenter d’aligner des mots-clés et de publier en masse.

C’est un travail d’analyse, d’ajustement, d’expérimentation.
Et à l’heure où tout va plus vite, c’est justement ceux qui prendront le temps de bien faire qui tireront leur épingle du jeu.

Vous savez ce qu’il vous reste à faire maintenant ?
On inspire. On lâche le clavier.
On expire. On prend son temps.
On met de côté la course à l’IA et à la reconnaissance.
On inspire.
On se rappelle qu’on fait partie d’une communauté. Celle des SEO. Celle des webmarketeurs.
On expire.

Essayons de devenir meilleurs sans prendre de raccourcis.