Deepfake, fake news et crédibilité : les nouveaux défis des réseaux sociaux !

L’évolution rapide de l’intelligence artificielle et son intégration dans les réseaux sociaux ont donné naissance à de nouvelles formes de manipulation de l’information.
Je passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux avec mon job, et je trouve affligeant (et franchement agaçant) que ces technologies incroyables soient détournées à des fins malveillantes, comme toujours ! Les deepfakes et les fake news ne sont pas de simples phénomènes numériques innocents ou générationnels : il sapent la confiance du public et la fiabilité de l’information. Avec des algorithmes toujours plus sophistiqués, il devient de plus en plus difficile de distinguer le vrai du faux – et franchement, on a déjà assez de mal à s’y retrouver dans nos vies sans ça !

La technologie : une lame à double tranchant

Je suis une grande fan de l’intelligence artificielle qui a apporté des avancées incroyables qui facilitent nos vies et révolutionnent de nombreux domaines : 

En médecine, elle permet d’analyser des images médicales avec une précision inégalée, facilitant la détection précoce de maladies comme le cancer. Elle offre aussi des solutions avancées pour l’accessibilité numérique, en aidant par exemple les personnes en situation de handicap à interagir plus facilement avec le monde numérique grâce à la reconnaissance vocale et aux « assistants » IA.

L’IA joue même un rôle important dans la préservation de l’environnement. Elle permet de mieux gérer les ressources énergétiques, de surveiller l’état des forêts pour lutter contre la déforestation et même de prédire les catastrophes naturelles, ce qui pourrait permettre de voir arriver les prochaines crises humanitaires. 

Dans le domaine artistique, même si c’est encore controversé, les outils IA repoussent les limites de la créativité en permettant de composer de la musique, de créer des œuvres visuelles inédites et même d’écrire des scénarios interactifs !

Cependant, comme toujours, ces avancées peuvent être détournées de leur usage initial.
Ce qui, au départ, sert à divertir – comme se transformer en célébrité le temps d’une vidéo humoristique pour alimenter le groupe des copains sur WhatsApp – peut aussi être utilisé pour manipuler l’opinion publique à grande échelle. C’est là que la frontière entre innovation et mésusage devient floue…
Les deepfakes et les fake news illustrent parfaitement cette dualité : une technologie fascinante entre les mains de ses inventeurs, peut aussi devenir une arme redoutable lorsqu’elle est exploitée à des fins de désinformation par et pour le public.

Le deepfake : une manipulation de l’image et du son

Le deepfake repose sur l’utilisation de réseaux de neurones antagonistes (GANs – Generative Adversarial Networks), une technologie permettant de générer des images et des vidéos hyper-réalistes. En gros, on peut désormais faire dire à quelqu’un ce qu’il n’a jamais dit, avec une précision bluffante. C’est impressionnant… jusqu’au moment où ça devient un problème majeur !

Fonctionnement des GANs et des modèles avancés

Un GAN (Generative Adversarial Network) est un système d’intelligence artificielle basé sur l’apprentissage automatique. Il repose sur un modèle d’apprentissage non supervisé où deux réseaux neuronaux, entraînés de manière compétitive, améliorent progressivement la qualité des contenus générés.

  • Le générateur prend en entrée un bruit aléatoire et produit des images, des vidéos ou des sons factices en imitant des données réelles. Il tente de créer des contenus indiscernables de ceux générés naturellement.
  • Le discriminateur est chargé d’évaluer les productions du générateur et de les comparer aux données réelles. Son objectif est d’identifier les falsifications et de différencier les contenus authentiques des contenus synthétiques.

Ce petit jeu du chat et de la souris fait que les deepfakes deviennent de plus en plus crédibles, et donc, de plus en plus dangereux. Mais ce n’est pas tout : aujourd’hui, des modèles avancés comme les transformers et les techniques de super-résolution permettent d’améliorer encore la qualité des deepfakes, rendant leur détection encore plus difficile.

Ces modèles utilisent des approches comme les réseaux neuronaux convolutifs (CNNs) et les auto-encodeurs variationnels (VAE) :

  • Les CNNs (Convolutional Neural Networks) sont utilisés pour analyser et reproduire les traits spécifiques d’un visage :ils permettent d’assurer une transition fluide entre un visage réel et un visage synthétique
  • Les VAEs (Variational Autoencoders) servent à compresser puis reconstruire des images en améliorant la netteté et la cohérence des « textures » faciales. En gros ont les utilisent pour donner des expressions plus « humaines » en ajustant, par exemple, les mouvements faciaux.
  • Les modèles de type transformers, initialement conçus pour le traiter du langage, sont aujourd’hui appliqués à la synthèse vocale. Des outils permettent de générer une voix artificielle quasi-identique à une voix humaine, imitant avec précision les intonations et les pauses naturelles.
  • Pour améliorer la qualité visuelle des deepfakes, des modèles comme ESRGAN (Enhanced Super-Resolution GAN)sont utilisés. Ces algorithmes augmentent la définition des vidéos et images générées, supprimant les artefacts qui trahissent la machine !

Applications et dangers des deepfakes

Les deepfakes sont utilisés dans plusieurs domaines, mais certains sont particulièrement préoccupants :

  • Manipulation politique : des deepfakes ont déjà été utilisés pour faire dire à des leaders mondiaux des absurdités (ou pire, des propos dangereux). La plupart du temps, on peut en rire, d’ailleurs vous avez sans doute aperçu le tweet d’Emmanuel Macron qui reprenait quelques Deepfakes de lui, mais il y a des exemples plus frappants comme le deepfake de Zelensky en 2022 appelant les Ukrainiens à se rendre.
  • Désinformation médiatique : certains médias ont diffusé des interviews truquées, et les chercheurs du MIT Sloan School of Management ont prouvé que les fake news se propagent six fois plus vite que les vraies informations.
  • Fraude et usurpation d’identité : des escrocs utilisent cette technologie pour contourner les systèmes de reconnaissance faciale ou vocale. Vous avez entendu parler de Brad Pitt, mais les particuliers ne sont pas les seuls touchés, une entreprise britannique a même perdu 243 000 dollars après qu’un deepfake vocal de son PDG à autorisé un virement frauduleux…
  • Cyberharcèlement et faux contenus intimes : une utilisation inquiétante, et qui est arrivée très rapidement, est la création de faux contenus à caractère intime, souvent utilisés pour harceler, intimider ou discréditer des victimes – dès le collège. Des milliers de deepfakes pornographiques non consentis circulent sur Internet, affectant la réputation et la vie privée de nombreuses personnes, en particulier des jeunes femmes. Ce phénomène pose de sérieuses questions éthiques et juridiques, car ces vidéos fabriquées sont parfois indétectables et peuvent causer des dommages irréversibles.

Les fake news : propagation rapide et impact sur la perception du public

Les fake news, ou fausses informations, ont toujours existé, mais elles n’ont jamais été aussi virales qu’aujourd’hui. La faute aux réseaux sociaux qui favorisent le sensationnalisme, et à notre tendance naturelle à partager avant de réfléchir (oui, on l’a tous fait au moins une fois).

Mécanismes de viralité des fake news

Pourquoi une fake news se propage-t-elle comme une traînée de poudre ?

  • Biais de confirmation : on aime ce qui conforte nos idées. Si une info va dans notre sens, on la partage sans trop se poser de questions. Pas top pour l’objectivité… mais on est humain après tout !
  • Effet émotionnel : les fake news jouent souvent sur la peur, la colère ou l’indignation. Plus c’est choquant, plus ça circule vite. La nuance et la modération ? Pas vraiment vendeurs !
  • Influence des bots et campagnes organisées : des études ont montré que des milliers de bots amplifient artificiellement certaines fake news – en période de COVID, ou d’élections par exemple – faussant ainsi la perception du public.
  • Les algorithmes qui adorent l’engagement : les plateformes de réseaux sociaux veulent des clics, des partages et des commentaires. Une fake news bien tournée, c’est un jackpot assuré.

Face aux deepfakes et aux fake news, la vigilance et l’esprit critique sont essentiels. La technologie évolue, mais il nous appartient de l’utiliser à bon escient. Avant de partager la dernière vidéo choc que vous avez vue sur votre fil d’actualité… prenez deux minutes pour vérifier. Ça peut éviter bien des désastres (et accessoirement, des débats interminables en commentaires)…