Chaque année, le 1er avril est un terrain de jeu mondial pour les médias, les marques et les internautes. Mais entre humour et désinformation, la frontière est fine. Certains canulars sont évidents, d’autres prennent une ampleur incontrôlable. Et dans un monde où les fake news circulent 6 fois plus vite que les vraies informations (MIT, 2018), alors que les informations elles-même ne sont pas top, la blague peut vite se transformer en catastrophe numérique.
Le 1er avril, une autoroute pour la désinformation
Un bon canular repose sur une mécanique bien huilée :
- Des titres accrocheurs et sensationnalistes
- Un fort impact émotionnel (peur, espoir, indignation)
- Un effet de confirmation (on croit ce qui valide nos opinions)
- Une viralité amplifiée par les algorithmes des réseaux sociaux
Mais ce qui est drôle un 1er avril peut devenir une fake news durable. Quelques chiffres :
- 67% des fake news sont partagées sans être lues (Columbia University, 2016)
- 25% des Français admettent avoir déjà cru à une fake news (Ifop, 2023)
- Les fausses informations ont 70% plus de chances d’être retweetées que les vraies (MIT, 2018)
Exemples célèbres de canulars qui ont mal tourné :
- La Lune verte en 2016 : une fausse info annonçant que la Lune allait devenir verte à cause d’un alignement planétaire a circulé pendant plusieurs années, bien après le 1er avril.
- La fausse taxe sur la climatisation en 2021 : une blague sur une soi-disant taxe gouvernementale a généré des milliers de réactions indignées avant d’être reprise au sérieux par certains médias.
- McDonald’s en 2019 : l’annonce de nuggets végétariens le 1er avril a été tellement crédible qu’elle a généré des débats et des attentes… avant que l’entreprise ne lance réellement un produit similaire plus tard.
- En 2024 Heinz lance un shampoing à la tomate : la marque Heinz a annoncé un nouveau produit capillaire à base de tomates. Bien que clairement humoristique, cette annonce a suscité des discussions sur les réseaux sociaux, certains internautes se demandant si le produit était réel.
L’effet boule de neige
On le voit tous les jours : les moteurs de recherche et les réseaux sociaux ne font pas la différence entre un canular et une info légitime. Un article bien référencé (même basé sur du vent) peut être repris en boucle, jusqu’à devenir une « vérité ».
Les moteurs de recherche jouent un rôle clé dans la diffusion des fake news :
- Google Trends montre que les requêtes sur certains hoaxs explosent bien après le 1er avril.
- Facebook et X (Twitter) ont dû supprimer des milliers de posts liés à des fake news médicales durant le Covid.
- TikTok a été accusé d’amplifier des théories du complot via son algorithme de recommandations.
Un exemple frappant ? En 2022, une fausse info annonçant la fin d’Instagram a généré plus d’un million de partages en quelques heures avant d’être démentie.
Comment éviter de tomber dans le panneau ?
Le 1er avril peut être l’occasion de réapprendre à fact-checker au quotidien.
Quelques réflexes simples :
- Vérifier la source : un site inconnu ou une URL louche ? Méfiance.
- Regarder la date : beaucoup de canulars refont surface des années plus tard.
- Croiser les infos : une seule source qui balance une annonce choc ? C’est suspect.
- Ne pas partager à chaud : prendre 2 minutes pour réfléchir avant de relayer.
Les bons outils :
Hoaxbuster : pour vérifier les rumeurs
Factuel AFP : pour voir les démentis des médias
Google Fact Check Explorer : moteur de recherche de fact-checking
Un 1er avril plus responsable ?
Le 1er avril est une belle tradition numérique, mais il rappelle aussi la puissance des fake news et la fragilité de notre esprit critique face aux algorithmes. Et si, cette année, on en profitait pour éduquer à la vérification des sources ?
Avant de partager une info drôle, prenons 10 secondes pour vérifier si elle n’est pas une fake news qui risque de durer toute l’année.